Dans ce contexte de tensions politiques, il est certes important de prendre les décisions idoines pour assurer la sécurité des personnes et des biens, mais il faut les prendre avec tact afin d’éviter d’alimenter le sentiment d’injustice, notamment dans le sud du pays, en Casamance. Durant les manifestations, la société publique de transport Dakar Dem dikk avait suspendu les liaisons entre Dakar et le reste du pays.

Le bateau Aline Sitoé Diatta qui assurait la desserte entre Ziguinchor et Dakar a été arrêté, d’une manière plutôt brutale. « Rappelons qu’avant même l’arrêt du navire, une situation assez inédite s’était produite dans ce bateau, à Ziguinchor, où les passagers embarqués ont été débarqués avant d’embarquer une nouvelle fois. La présence d’un passager suspect (un supposé fabricant de cocktail Molotov) serait à l’origine de cette panique signalée dans le navire qui avait accusé un grand retard, avant de quitter Ziguinchor », indique Sud Quotidien dans son édition du 17 juin.
Depuis, les bus Dakar dem dikk ont repris leur trajet partout dans le pays, à l’exception de la destination Ziguinchor. Si l’on y ajoute le navire, on comprend la difficulté des habitants de la Casamance à quitter la région du Sud pour rallier la capitale. 
Même s’il n’y a aucune communication officielle, on comprend que c’est lié aux manifestations, particulièrement à ces manifestants supposés avoir quitté Ziguinchor pour participer à des actes de vandalisme à Dakar. Bref, ces fameuses ‘’forces occultes’’.
Seulement, le gouvernement doit faire attention sur les actes à poser. La Casamance est une zone sensible du fait de la rébellion. Aujourd’hui, le pouvoir en place fournit beaucoup d’efforts pour calmer le jeu et surtout obtenir la paix. Ce n’est donc pas le moment de jeter de l’huile sur le feu par des décisions insensées. Or, priver les Sénégalais (qu’ils soient originaires de Casamance ou d’ailleurs) de moyens de transports pour aller du Nord vers le Sud du pays en est un.
Cela pourrait renforcer un sentiment de discrimination. Rien ne justifie que les autres parties du Sénégal soient desservies par des bus Dakar dem dikk, après la crise et que Ziguinchor en soit privé. Surtout si l’on connaît l’importance du navire pour faire ce trajet difficile par la route.
Il est donc important de faire la part des choses entre les décisions prises pour faire face à un opposant, Ousmane Sonko en l’occurrence et le droit des citoyens à disposer de certains services, quel que soit le lieu. Il y va de la stabilité du pays et de la cohésion sociale. Ce contexte de tabaski est sans doute le moment idéal pour rectifier le tir au bon moment.