L’Aibd serait-il dans une zone de turbulence ? En tout cas si on en croit le Suttaaas, la situation n’est pas reluisante. Ledit syndicat accuse les partenaires turcs «de créer un nivellement vers le bas».
La situation à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) décrite par les syndicalistes est loin d’être reluisante. Le Syndicat unique des travailleurs du transport aérien et des activités annexes du Sénégal (Suttaaas) accuse les partenaires turcs, qui gèrent cet aéroport à travers une concession, «de créer un nivellement vers le bas caractérisé par une absence d’investissements et une boulimie possessive qui se matérialise par la volonté même de récupérer les actions de la partie sénégalaise». Les syndicalistes qui, dans une déclaration, demandent au chef de l’Etat d’arrêter «ces partenaires atypiques», estiment que «ces actionnaires n’ont rien apporté pour mériter cette place de choix». Pour conforter leur position, ils renseignent que «pour une simple comparaison, le Handler Nas de l’aéroport d’Abidjan a investi plus de 20 milliards pour l’achat de matériels neufs, là où les nôtres n’ont fait qu’acquérir un prêt actionnaire de 5 milliards au nom de la société Las pour du matériel de seconde voire de troisième main avec le patrimoine déjà amorti de Ahs, donc pas d’argent sorti de leurs poches». Les membres de ce syndicat ajoutent à leurs récriminations, la mauvaise gestion de cette infrastructure. «Du côté du gestionnaire, ce n’est pas plus reluisant car cet aéroport inauguré il y a moins de 4 ans a des problèmes à tous les niveaux, entre autres : climatisation, toilettes : avec presque plus de douchettes, tapis bagages arrivée/départ intermittents, des problèmes d’étanchéité, tarification locative chère, informatique obsolète : aucun investissement depuis décembre 2017, déficit en termes de mobiliers de bureau : même des chaises pour travailler manquent dans cet aéroport», ont-ils dénoncé dans leur document. Le Suttaaas fait aussi savoir dans sa déclaration que «concernant la société de handling 2AS, avec 51% des actions détenus par le consortium Suma Limak ainsi que le gestionnaire Las, nous faisons face à une surfacturation au niveau de la dette commerciale chiffrée à environ 10 milliards». A en croire le Secrétaire général dudit syndicat, Alassane Ndoye, et ses camarades, «le prêt actionnaire a généré des intérêts estimés à presque 2 milliards, le matériel acheté à l’ouverture de la plateforme est aujourd’hui hors d’usage avec aucune explication venant des actionnaires». Dénonçant cette situation, ils ajoutent que «ce matériel n’a pas été dédouané et sur injonction des Gabelous, la société a signé un moratoire et a versé à une société de transit inconnue, près d’1milliard jamais reversé à la Douane. Ce qui a déjà coûté la tête au directeur des Achats turc de 2AS qui est loin d’être le seul responsable de cette forfaiture».
Pour trouver une solution à ces problèmes, le Suttaaas recommande aux autorités de faire «de 2AS, une filiale de la compagnie nationale avec une prise d’actions majoritaire permettant à Air Sénégal de réduire de moitié ses coûts d’exploitation dans sa base et surtout de donner au Sénégal la possibilité de gérer son handling quitte à nouer un partenariat avec un grand groupe international». D’après les membres de ce syndicat, «Air Sénégal ne peut pas détenir 49% de 2AS et vouloir créer une unité de handling dans un aéroport qui n’aura pas 2,5 millions de passagers d’ici 2023». Face à cela, ils soutiennent qu’«Air Sénégal peut faire un prêt avec l’aide de Aibd, racheter les prêts, investir sur du matériel et enfin prendre le lead de 2AS et 2AS Technics». Selon eux, «faire autre chose sera suicidaire pour notre joyau national».
Par ailleurs, le Suttaaas sollicite «la convocation du comité local du dialogue social afin de régler les problèmes multiples et multiformes de notre aéroport». «L’aéroport va mal, les travailleurs des sociétés de sûreté étouffent à cause de conditions de travail d’une époque révolue, la restauration aérienne et standard de l’aéroport vit des moments très incertains, ajouter à cela le retard lié à la mise à disposition du crédit de la relance du transport aérien. Ce cocktail fait que le Suttaaas ne restera pas inactif si cette situation perdure et n’exclut aucune action dans le but de défendre le Sénégal et ses travailleurs», ont prévenu les syndicalistes.
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