Son cas émeut à l’unité 3 Keur-Massar et semble avoir échappé aux autorités. En effet, l’air enthousiaste pendant tout le temps qu’a duré notre visite dans les zones inondées de Keur-Massar, l’enseignant Aly Bâ a fini par craquer au moment de relater la situation que vit sa famille prise en «otage» depuis 22 jours dans une maison entourée par les eaux stagnantes.

Sa gorge nouée et ses yeux larmoyants ont fini par avoir raison de l’entretien que L’Obs a finalement décidé d’interrompre. Nous vous en restituons un morceau (l’entretien a eu lieu en face de la vaste étendue d’eau au milieu de laquelle se dresse sa maison où sa famille vit repliée sur elle sans aucune possibilité de sortir).

« C’est arrivé lors de la forte pluie du 14 août dernier, le niveau de l’eau a subitement monté et ma maison s’est retrouvée au milieu d’une vaste étendue d’eau. Quand la pluie a cessé, nous avons vu qu’on ne pouvait plus sortir de la maison, toute la famille s’est réfugiée à l’étage. Cela fait maintenant plus de vingt jours (22 jours exactement, l’entretien a eu lieu avant hier samedi 4 sep- tembre) que toute la famille est coincée à l’intérieur de la maison, je suis le seul à pouvoir sortir du fait du niveau très élevé des eaux. Je sors pour faire les achats avant de revenir presque à la nage. Ma maman d’un âge avancé vit à l’intérieur avec ma femme, ma fille, l’épouse de mon petit frère, ma grande sour. Les voir dans cette situation sans pouvoir réagir me fait très mal, je me pose énormément de questions, déjà si j’avais les moyens, j’allais les sortir de cette situation, c’est terrible.

Elle a des conséquences sur la cohabitation dans la maison, tout le monde est devenu très nerveux , il y a toujours des disputes, les gens sont désemparés, il y a la confusion dans la maison, la communication entre les membres de la famille passe très mal, parce que c’est difficile de rester coincé comme cela sans pouvoir sortir. Cela a engendré des conséquences terribles dans nos relations, sans compter la peur de voir le bâtiment s’effondrer du jour au lendemain du fait de l’infiltration des murs par les eaux. Ma mère a voulu quitter, mais elle a peur, elle dit qu’elle a des vertiges quand elle entre dans les eaux. Nous avons alerté les sapeurs-pompiers, mais jusque-là, on attend. Avec l’extérieur, on communique au téléphone et souvent, quand je dois sortir, les membres de la famille me remcttent un bout de papier sur lequel est griffonné tout ce dont ils ont besoin ou alors au retour, je les appelle pour leur demander ce qu’ils veulent. La nuit on entend souvent des gens nager dans les eaux pour aller cambrioler les maisons abandonnées. Ils emportent téléviseurs, bagages, matériel que les propriétaires n’ont pu amener avec eux. C’est très inquiétant car il y a également des rampants.»

ALASSANE HANNE iGFM

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