L’homme est accusé d’espionnage et encourt à ce titre jusqu’à la peine de mort (qui n’est pas appliquée en RCA mais existe toujours). Sa famille et ses avocats dénoncent une procédure qui avance au ralenti. Ils affirment que cet ancien militaire un « otage judicaire » de la crise diplomatique entre Paris et Bangui.
Le 10 mai 2021, les images de son arrestation font le tour de la toile centrafricaine : Rémy Quignolot est présenté menotté devant un impressionnant arsenal. Pour ses proches, la scène est un montage : il avait bien quatre armes en sa possession, mais tout son équipement et les documents qu’il détenait, des cartes, des photos et des vidéos, étaient strictement liés à son activité dans la sécurité, comme l’ont certifié plusieurs de ses employeurs à ses avocats.
Rémy Quignolot continue de dénoncer des accusations infondées. Des neuf charges avancées contre lui, six ont été abandonnées faute de preuves. Restent celles de détention illégale d’armes de guerre et de chasse, et surtout celle d’espionnage. Le procureur n’a pas encore décidé de le renvoyer devant la cour criminelle et aucune date n’a été annoncée pour un procès.
Ancien militaire
À l’époque des faits, ce quinquagénaire, ancien militaire installé à Bangui depuis 2013, accompagnait régulièrement des journalistes de la chaine de télévision qatarienne Al-Jazeera ; il a aussi travaillé pour la Minusca et plusieurs ONG.
Depuis janvier, Rémy Quignolot partage une cellule de 6m² avec un autre détenu au camp de Roux. Il a perdu beaucoup de poids, mais demeure combatif malgré les craintes pour sa santé.
« Il n’a absolument aucun accès à des soins médicaux essentiels alors qu’il souffre d’une carence de vitamine B12 suite à une ablation partielle de l’intestin, s’indigne Me Louise Dumas, son avocate en France. Par ailleurs, il y a dans la prison des cas de tuberculose, sans parler du Covid-19, tout ça est assez inquiétant. »
Sa sœur, Caroline Quignolot, a également pu le joindre. « C’est très difficile pour lui. Il m’a déjà expliqué que chaque jour qui passe est un enfer. On a réussi à lui faire abandonner son projet de grève de la faim. Nous avons tous très bien compris qu’il s’agit d’un montage et qu’il n’est pas du tout coupable d’espionnage. Mon frère n’est pas un espion, c’est une évidence. Ce montage total ne peut pas justifier la menace de peine de mort et de travaux forcés à perpétuité que l’on voit se répéter dans les documents de l’accusation. »
« Instrumentalisation » de la justice
À son arrestation, la France avait dénoncé une « campagne anti-française téléguidée par la Russie ». Aujourd’hui, une source haut placée à Paris estime que Rémy Quignolot est « purement et simplement un otage ».
Lui-même longuement détenu au Cameroun et désormais à la tête d’une association, Michel-Thierry Atangana appelle à la libération de Rémy Quignolot, qui est pour lui « un jouet » entre les mains des autorités centrafricaines : « Rien dans son parcours ne peut justifier sa détention. On voit très bien l’instrumentalisation d’une justice au service d’une oppression. Rémy n’a aucune chance d’être libéré dans un processus de procès équitable. »
Michel-Thierry Atangana a plaidé ce lundi la cause de Rémy Quignolot devant la Commission et le Parlement européen.
Sa famille a notamment écrit au président français Emmanuel Macron, et sa défense a saisi le 13 avril le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.