Le vice-champion olympique de descente, Johan Clarey, retrouve la Coupe du monde ce vendredi (11h30) à Kvitfjell (Norvège). Avec envie mais aussi un peu d’appréhension. « Quelles ont été vos premières sensations lors des descentes d’entraînement disputées mercredi et jeudi à Kvitfjell ?
Il y avait beaucoup de vent mercredi, on a quitté Yanqing et la Chine avec du vent et on en retrouve aussi ici en Norvège. Mais les conditions sont bonnes, la piste assez facile et niveau températures, il fait plutôt bon aussi (-3° jeudi à midi).
Physiquement et mentalement, comment se remet-on dans le bain un mois après votre médaille d’argent aux JO ?
Physiquement, je m’y suis remis assez vite, j’en avais besoin car j’étais très fatigué après les Jeux. Un peu de vélo, deux ou trois séances de musculation, tout en me reposant aussi, car on a bien fêté la médaille, notamment à Tignes. J’ai remis les skis assez tard, après une coupure de dix jours. J’ai fait une séance de géant, une journée de ski libre, et pas de spécifique vitesse avant d’arriver en Norvège. Mais je suis ici avec pas mal d’envie.
Mesurez-vous mieux aujourd’hui l’impact de ce que vous avez réussi en Chine ?
Je commence à le mesurer, on me félicite encore tous les jours, par exemple des coureurs et des membres de staffs étrangers que je n’avais pas croisés en Chine. Je me rends compte que ma médaille d’argent a frappé pas mal de gens, notamment parce que j’ai 41 ans (médaillé olympique le plus âgé en ski alpin). C’est plutôt cool !
« Pas mal d’athlètes qui ont bien marché aux JO ont eu du mal le week-end dernier. Il y a forcément une forme de relâchement mental, mais de mon côté les sensations sont bonnes »
Vous pensez souvent aux dix centièmes qui vous séparent de l’or remporté par Beat Feuz ?
Non, je n’y pense pas, ça viendra peut-être plus tard. En 2019, j’ai été vice-champion du monde de super-G à neuf centièmes du vainqueur (l’Italien Dominik Paris), ce coup-ci c’est donc dix centièmes, c’est un peu l’histoire de ma vie !
Clément Noël a souffert le week-end dernier à Garmisch-Partenkirchen lors de son retour à la compétition (deux abandons en slalom). Vous appréhendez le vôtre ?
Un peu… Pas mal d’athlètes qui ont bien marché aux JO ont eu du mal le week-end dernier, chez les garçons comme chez les filles. Il y a forcément une forme de relâchement mental, mais de mon côté les sensations sont bonnes, en attendant de voir ce que ça donne les jours de courses (deux descentes et un super-G sont au programme jusqu’à dimanche).
Au vu de l’actualité en Ukraine, est-ce facile de penser à une course de ski ?
Courir paraît un peu dérisoire, on est tous rivés sur les informations pour se tenir au courant de ce qui se passe. Mais une fois dans notre bulle de compétition, on s’y remet.
Quatre skieurs sont encore en mesure de remporter le globe de descente (Aleksander Aamodt Kilde, Beat Feuz, Matthias Mayer et Marco Odermatt)…
Courir deux descentes ici peut forcément avantager les Norvégiens, donc Kilde (leader avec 8 points d’avance sur Feuz). Il a été énorme toute la saison, même s’il m’a paru un peu contracté aux JO (5e en descente, 3e en super-G, 2e en combiné). Il peut plier les choses ici, mais Feuz est toujours là. Il a remporté les quatre derniers globes de descente, les Mondiaux, et donc maintenant les JO. Pour moi, il fait partie des trois meilleurs descendeurs de l’histoire.
Ce week-end marquera aussi le départ à la retraite de Kjetil Jansrud (36 ans), gravement blessé au genou gauche en début de saison..
Un super skieur et un bon gars, comme tous les Norvégiens, qui ont un bel état d’esprit d’équipe, un peu comme nous. Kjetil est un pilote extraordinaire, d’une finesse remarquable, qui a eu la même trajectoire que Svindal, en commençant par le géant pour ensuite se spécialiser en vitesse. Il a tout gagné sauf le gros globe (deux fois deuxième, en 2015 et 2017), barré par Marcel Hirscher. Il a fait le maximum pour être aux JO (23e en super-G) malgré sa blessure, et était porte-drapeau. Il a pu vivre une dernière belle expérience.
Jansrud s’arrête donc à 36 ans. Et vous, vous serez toujours là la saison prochaine ?
Je vais prendre le temps de réfléchir, de discuter avec mes proches, le staff, mais je me déciderai assez vite. Le fait qu’il y ait les Mondiaux en France en 2023 (Courchevel-Méribel), ça joue énormément dans ma réflexion. En 2009, lors des derniers Mondiaux organisés en France (Val d’Isère), j’étais blessé, les genoux cassés. Alors faire un grand événement à la maison. »
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