Guy Marius Sagna, député sénégalais à l’Assemblée nationale depuis 2022 sous la bannière de la Coalition Yewwi Askan Wi, dont fait partie Ousmane Sonko, fait sensation sur les réseaux sociaux après ses récentes interventions au Parlement de la CEDEAO. Alioune Tine, fondateur de l’Africa Jom Center, a salué sur X l’impact de Guy Marius Sagna, affirmant que « l’honorable député Guy Marius Sagna fait bouger les lignes à la CEDEAO ». Alioune Tine a souligné que l’organisation, en proie à l’immobilisme, a besoin d’un aggiornamento et que Guy Marius Sagna apporte « du sens et du sang neuf ».

Ces derniers jours, Guy Marius Sagna a multiplié les déclarations percutantes au Parlement de la CEDEAO à Abuja, au Nigeria. Il a vivement critiqué le comportement de certains chefs d’État africains, les accusant de détourner les fonds publics au lieu de développer leurs pays. Lors d’une session parlementaire le 20 juillet 2024, il a accusé les dirigeants de l’Afrique de l’Ouest d’appauvrir leurs populations en pillant les ressources du continent et en plaçant les fonds détournés en Europe.

Ces propos ont provoqué une vive altercation avec la députée ivoirienne Adjaratou Traoré, également vice-présidente du Parlement de la CEDEAO, qui a tenté de frapper Guy Marius Sagna. L’incident a nécessité l’intervention de collègues députés pour prévenir une agression physique et a conduit à la suspension de la séance.

Dans une autre intervention, Guy Marius Sagna a critiqué le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, pour avoir dissous l’Assemblée nationale sans annoncer de nouvelles élections, qualifiant cet acte de « coup d’État constitutionnel ». Il a également dénoncé les autorités togolaises pour la répression de l’opposition et l’installation d’un régime autoritaire visant à maintenir le président actuel indéfiniment au pouvoir.

Ces prises de position ont suscité des réactions variées, allant des éloges de personnalités comme Alioune Tine aux critiques sévères d’autres parlementaires. Sur Internet, de nombreux panafricanistes ont salué le courage et l’engagement de Guy Marius Sagna.

Contexte de la CEDEAO

La CEDEAO traverse une période difficile, marquée par le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger, qui ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES). Ces pays ont accusé la CEDEAO de servir les intérêts étrangers et de négliger les besoins des populations ouest-africaines, exacerbant les tensions internes à l’organisation.

Dans ce contexte, les interventions de Guy Marius Sagna ont mis en lumière les défis auxquels la CEDEAO est confrontée. Il a critiqué l’organisation pour son incapacité à résoudre les problèmes de santé, d’insécurité alimentaire, d’éducation et de sécurité. Guy Marius Sagna a également dénoncé les accords économiques avec l’Union européenne, qu’il estime défavorables aux économies locales, et a souligné la faible participation des parlementaires aux sessions de la CEDEAO comme un signe de désengagement.

Appel au Renouveau

Guy Marius Sagna appelle à une refonte radicale de la CEDEAO, pour en faire une organisation véritablement représentative des peuples ouest-africains et capable de relever les défis contemporains. Ses critiques acerbes et ses propositions de réforme trouvent un écho parmi ceux qui aspirent à un changement profond dans la gouvernance régionale.

Les réactions hostiles aux propos de Guy Marius Sagna montrent cependant que cette transformation ne se fera pas sans résistance. Les partisans du statu quo, attachés à une diplomatie plus discrète, voient d’un mauvais œil ces appels à la refonte de l’organisation.