Alors qu’elle est un pilier important pour la réalisation du Programme d’urgence pour l’emploi des jeunes, «Xeyu ndaw gni», la Der peine à recouvrer le budget qui lui est destiné, et ce malgré les instructions fermes du chef de l’Etat. Au point qu’elle ne peut plus compter que sur des appuis extérieurs pour dérouler une partie de son programme de financement.

Si l’on a parfois le sentiment que l’une des ambitions majeures du Président Macky Sall, le programme Xeyu ndaw gni, destiné à financer l’emploi des jeunes, marque un peu le pas, c’est entre autres, parce qu’une structure aussi importante que la Délégation générale à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (Der/Fj), chargée de faciliter l’accès des jeunes au financement, peine à remplir ses missions, faute de ressources.
Interrogé en marge du Sommet de Montpellier convoqué par le Président français Emmanuel Macron, les 8 et 9 octobre derniers, le Délégué Papa Amadou Sarr a révélé que «depuis mars 2021, la Der a des demandes de financement, dans le cadre du programme Xeyu ndaw gni, pour un montant avoisinant 250 milliards de francs Cfa. Nous avons traité des dossiers pour une valeur de près de 35 milliards de Cfa, qui sont en attente des financements de la part du Trésor». Depuis lors, indique le responsable de la Der, «les projets sont traités et nous attendons de recevoir la trésorerie pour mettre en place des financements pour des jeunes entrepreneurs, sur l’ensemble du territoire national». M. Sarr ne peut à son niveau, expliquer les raisons du retard de la mise en place de ces ressources.
Il sait que tout a été fait pour que le Trésor débloque l’argent nécessaire. Même le chef de l’Etat, saisi de la question, est intervenu. On se rappelle que le communiqué du Conseil des ministres du 15 septembre dernier, déclarait que «le chef de l’Etat a rappelé l’importance primordiale qu’il accorde à l’accélération du déploiement des financements destinés aux jeunes et aux femmes, dans le cadre du Programme d’urgence pour l’insertion socio-économique et l’emploi des jeunes Xeyu ndaw gni…». Le document ajoute : «Le président de la République exhorte, à cet égard, le ministre des Finances et du budget, les ministres sectoriels et le Délégué général à l’entreprenariat rapide, à lancer sans délai, au niveau national, les opérations de financement, sur la base des nouvelles requêtes émanant des pôles emploi et entreprenariat des jeunes…»
Sur ce point, le responsable de la Der indique que, depuis le début de l’année, sur les 30 milliards de Cfa de budget alloués à sa structure, les Finances n’ont débloqué que 2,5 milliards de Cfa. Et c’est à peine si ce département important pour la politique de l’emploi n’est pas obligé de recourir à l’aumône. En tout cas, Papa Amadou Sarr indique que si des financements ont pu continuer à s’opérer, c’est parce que la Der a «reçu des ressources extérieures dans le cadre d’un projet datant de 2019, avec l’Afd et la Banque africaine de développement, dénommé Projet d’appui de valorisation des initiatives entrepreneuriales (Pavie), en plus des subventions reçues de fondations telles que la Fondation Gates et la Us-Africa Development Foundation, entre autres. Ce qui nous a permis de décaisser et de financer pour une quinzaine de milliards de Cfa environ». Il n’empêche, ce dynamisme de la Der prouve, selon son responsable, que si les ressources nécessaires étaient mises à leur disposition, ils pourraient satisfaire les besoins d’encore plus de demandeurs : «Avec 50 milliards, nous serions en mesure de financer plus de 50 mille jeunes.»
Cette affaire montre que si l’étalage de munificence fait à Dubaï, dans le cadre de l’Exposition universelle, a pu faire croire que le pays n’a pas de problèmes d’agent, en étalant ainsi au monde son train de vie dispendieux, beaucoup de Sénégalais n’en bénéficient pas encore vraiment. Beaucoup parmis ceux qui ont fait le déplacement dans cette ville du Golfe arabo-persique semblaient n’avoir pour objectif qu’un séjour de farniente, et si possible, aux frais de la princesse. Cela peut renforcer l’idée que le pays est en pleine émergence. Malheureusement, plusieurs franges de la société nationale, démontrent que leur vie de tous les jours est aux antipodes de l’image d’Epinal ainsi projetée.
mgueye@lequotidien.sn

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