L’ancien Procureur spécial près de la CREI Alioune Ndao sort du bois. C’est lui qui avait arrêté le fils de l’ancien président de la République dans l’affaire de la traque aux biens mal acquis, jusqu’à ce qu’un jour l’autorité le limoge en pleine audience, sans daigner avoir l’élégance de l’en informer, ne serait-ce que morales. Du moins, c’est la conclusion qu’il faut en tirer, si l’on en croit Alioune Ndao. Pourquoi l’autorité a -t-elle agi ainsi, à l’encontre du Procureur spécial qu’elle avait choisi pour mener la traque aux biens illicitement acquis? «J’étais à couteaux tirés avec le ministre de la Justice Sidiki Kaba et avec le Président Macky Sall même», révèle l’intéressé, dans un entretien accordé à nos confrères du journal Les Echos.
« En fait, l’affaire remonte à plus loin que cela. Parce que j’ai eu un contentieux avec le ministre de la Justice d’alors Sidiki Kaba et le Président Macky Sall ! Nous, l’impression que nous avons eue avec la nomination de Sidiki Kaba, c’est qu’il a été nommé afin de mettre fin à la traque. C’est la perception que nous avions, pas de manière officielle, mais officieuse. Et d’ailleurs, j’ai interpellé Monsieur le Président de la République un jour lors d’une audience. Je lui ai dit : « Monsieur le Président, pourquoi vous avez nommé monsieur Sidiki Kaba alors qu’il était dans le dossier Karim Wade? Il m’a répondu qu’il ne le savait pas ». Je ne l’ai pas cru. Et ça s’est arrêté là. Et donc, à la fin, j’ai eu des difficultés avec le ministre Kaba; on était à couteaux tirés et même avec le Président de la République lui-même », raconte-t-il.
Le magistrat en retraite Alioune Ndao poursuit à ce sujet « le Président m’a appelé un soir, lorsque l’affaire Karim Wade a été pliée, et c’est là où il y a eu une grave injustice à l’encontre de Karim Wade. Lorsque cette affaire a été pliée, j’ai senti des réticences de la part du pouvoir exécutif pour la poursuite des autres dossiers. On a commencé par l’affaire Tahibou Ndiaye. Le Président m’a appelé jusqu’au palais, heureusement que j’ai eu l’intelligence d’emmener Antoine Diome avec moi- donc il est témoin de ce que je dis, en ce moment- il m’a dit : « il paraît que Tahibou ne jouit pas de ses facultés mentales »; je lui dis: « mais non Monsieur le Président, il est plus sain d’esprit que vous ». Il m’a dit : « est ce qu’il n’y a pas possibilité…»
Droit dans ses bottes, Alioune Ndao réplique à Macky que « force doit rester à la loi ». Ensuite la seconde fois, c’était l’affaire Abdoulaye Baldé. Là également, il m’a appelé au palais pour me dire : « laisse Abdoulaye Baldé ». Je dis: « non, je ne vais pas le laisser, Monsieur le Président! J’ai déjà fait l’enquête et je vais ter miner ma procédure ». Et un autre élément s’est ajouté à cela, c’est que dans l’affaire Aïda Ndiongue, j’avais vu que la dame avait fait sortir du territoire national deux fois quatre milliards, qui avaient été versés dans deux emprunts obligataires, en Côte d’Ivoire, donc cela faisait huit milliards. Je voulais savoir si les autres n’avaient pas fait la même déjà fait l’enquête et je vais ter miner ma procédure ».
Et un autre élément s’est ajouté à cela, rembobine le magistrat à la retraite et c’est l’affaire Aïda Ndiongue. » J’avais vu que la dame avait fait sortir du territoire national deux fois quatre milliards, qui avaient été versés dans deux emprunts obligataires, en Côte d’Ivoire, donc cela faisait huit milliards. Je voulais savoir si les autres n’avaient pas fait la même chose. Et j’avais demandé à l’équipe d’enquêteurs de la police dirigée par l’ancien patron Bocar Yague de mener des investigations dans les quatre plus grandes banques de ce pays : la BICIS, CBAO, SGBS, j’ai publié le quatrième.
Et lorsque le Président a été informé de cela, il m’a appelé pour me dire: « Monsieur le Procureur spécial, on me dit que vous êtes en train de créer la zizanie »; je lui dis: « non Monsieur le Président, ce n’est pas la zizanie ». Lorsque je lui ai expliqué, il a dit: « Ah bon, c’est comme ça ? » Je lui dis: « oui ». Pour toute réponse, il m’a dit : « non, après les enquêtes, vous me donnez les résultats comme ça je vais les tenir sur le plan politique ». Je me suis dit: « mais pour qui il me prend ce monsieur, il oublie déjà fait l’enquête et je vais ter miner ma procédure ». Et un autre élément s’est ajouté à cela, c’est que dans l’affaire Aïda Ndiongue, j’avais vu que la dame avait fait sortir du territoire national deux fois quatre milliards, qui avaient été versés dans deux emprunts obligataires, en Côte d’Ivoire, donc cela faisait huit milliards. Je voulais savoir si les autres n’avaient pas fait la même chose. Et j’avais demandé à l’équipe d’enquêteurs de la police dirigée par l’ancien patron Bocar Yague de mener des investigations dans les quatre plus grandes banques de ce pays. »