​L’affaire du meurtre qui a entraîné la mort du jeune lutteur Ndiaga Diouf, tué devant la mairie de Sicap Mermoz refait continue de faire couler de l’encre. En effet, Barthélemy Dias, qui a introduit un appel afin de laver son honneur, a comparu à la barre du Tribunal des flagrants délits de Dakar ce mercredi 2 mars. Face au juge le l’actuel maire de la ville de Dakar dénonce une machination politique qui vise à contrecarrer sa candidature pour les présidentielles à venir. Le verdict sera rendu le 18 mai prochain.

Dix ans après les faits, et après de multiples reports, Barthélemy Dias a finalement comparu seul ce mercredi 2 mars 2022 à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, en partie civile accompagnait de ses 7 avocats. Barthélemy Dias non content du jugement rendu lors de son dernier procès a fait appel pour être jugé à nouveau. Il demande à être relaxé purement e simplement dans l’affaire Ndiaga Diouf, car selon lui rien ni personne ne peut prouver qu’il a tué Ndiaga Diouf.
« Je souhaite être blanchi. Même si la Cour me condamne à un jour avec sursis, je vais relancer un appel de nouveau. Ce n’est pas bon pour mon image d’être jugé en tant que maire de Dakar, je suis là pour être jugé et blanchi. Car ces faits sont graves. À chaque fois que je voyage, je suis retenu parce que j’ai été jugé pour meurtre. Pour sortir, j’ai besoin de l’autorisation du ministère de l’Intérieur. Je suis sous contrôle judiciaire depuis 10 ans et je voyage avec un passeport américain, car mon passeport sénégalais m’a été retiré ».

Revenant sur les faits qui se sont déroulés ce jour-là (22 décembre 2011), Barthélemy Dias affirme que ces accusations, retenues contre lui sont tous « infondées ».

Par ailleurs, il a demandé à ce que ses accusateurs apportent « des preuves tangibles et palpables », faute de quoi, il réclame un jugement qui lui rendrait son honneur et qui lavera son image ainsi que sa réputation. « Je n’ai tué personne, j’ai fait appel pour laver mon honneur. Je conteste cette enquête qui m’incrimine dans le meurtre de Ndiaga Diouf, ainsi que la peine qui m’a été infligée. Ce jour-là j’ai vu la mort. Être attaqué par quasiment une centaine de personnes, je n’ai eu d’autre choix que de me défendre. Je confirme m’être défendu et d’avoir utilisé mon arme à feu (un calibre 9 mm alors) et ceci pour ma défense, car c’était ça ou me faire tuer. Par conséquent, j’ai choisi de vivre en défendant. J’ai blessé deux personnes lors de la bagarre, mais je n’ai tué personne. Je suis victime d’une injustice notoire », clame-t-il.

« Je le referais si c’était à refaire… »
Victime d’une attaque « préméditée » en vue de le tuer, l’actuel maire de Dakar soutien que tout ce qu’il a fait ce jour-là c’était pour défendre sa vie. « Ces nervis, assaillants pour ne pas dire des brigands sont venus au bord de la mairie au bord de 5 pick-ups, ils ont été identifiés et aucun propriétaire de ces véhicules n’a été arrêté ou auditionné. Ce qui prouve un réel acharnement sur ma personne. La peine que j’ai reçue en première instance, je l’ai déjà purgé. Ils ont encerclé la mairie. Je me trouvais chez moi quand j’ai appris leur présence à la mairie. Comme je vivais avec mes parents retraités et mon fils de 5 ans, je suis sorti pour me rendre à la mairie pour éviter qu’ils ne retrouvent à la maison. C’est un choix que je le referais si c’était à refaire. Je le répète et je le crie haut et fort je me suis défendu ».

Poursuivant, il révèle qu’il avait appelé le commissaire Seye pour intervenir, mais que ça n’a servi à rien. « Il est venu accompagner d’un seul homme et il est n’a rien fait. Les tirs de sommation n’ont servi à rien, les assaillants étaient armés et ne reculer pas. Je ne suis pas le seul à avoir tiré ». Revenant sur le film des événements, il déclare avoir fait l’objet d’une chasse à l’homme. « J’ai été pourchassé par le ministre de l’Intérieur de l’époque pendant 3 jours. L’actuel chef de l’Etat était dans le même parti que moi et il a admis que c’est le gouvernement qui était impliqué dans cette attaque. Je me suis rendu, on m’a arrêté pour me relaxer ensuite. L’enquête a été menée par le ministre de l’Intérieur d’alors, dont le seul but était de m’écarter des élections présidentielles à venir. Des PV falsifiés se sont retrouvés dans la presse, car ils cherchaient à me liquider. On a creusé une tombe pour moi. Le gouvernement de l’époque voulait me liquider ce que le pouvoir actuel veut continuer en utilisant ce dossier comme une épée de Damoclès sur ma tête et je ne l’accepterai pas », accuse-t-il.

Une machination du pouvoir
Dans la vidéo utilisée (qui se trouve sur YouTube) comme preuve, Barthélémy Dias a été apercu tenant deux armes à feu en train de tirer. « Je me suis défendu si je ne l’avais pas fait je serais déjà mort. Je me suis défendu avec mon arme à feu, je me suis défendu en tirant des coups de feu, je me suis défendu en tirant des coups de sommation. J’ai tiré en l’air, mais ils continuaient à se reprocher de 10 mètres de moi. Ils étaient motivés de quelque chose. Les balles extraites de l’arme de Barthélemy Dias et ceux extrait sur le corps de Ndiaga Diouf n’étaient pas identiques, à en croire le rapport balistique. « On n’a perquisitionné mon domicile et je leur ai donné une arme factice. C’est quand j’ai été arrêté que j’ai remis mon vrai arme un 9 mm. Je demande aux personnes qui m’accusent d’apporter des preuves. Il n’y a aucune balistique au Sénégal si j’ai refusé de donner mon arme, c’est pour ne pas permettre aux enquêteurs de créer une concordance entre mon arme et la balle qui a tué le jeune homme.

Comparant à la barre en tant que témoin, Babacar Faye l’un des garde du corps de Barth et témoin de la scène révèle que lors de l’enquête à la police centrale. « J’ai été menacé pour changer son témoignage j’ai été accusé d’avoir poussé Barthélemy à agir comme il l’a fait. Ils voulaient que je charge le dossier. L’un des adjudants m’a crocheté et m’a fait tomber par terre, il a ensuite mis son pied sur moi pour me contraindre à faire ce qu’il voulait à changer les PV. On était garde en vue pendant une semaine. Ils nous réveillaient à 1 h du matin pour faire les auditions, il y avait aucun avocat, le même manège était répété durant tout notre séjour en garde à vue. Chargeant le régime d’Abdoulaye Wade, Barthélémy Dias soutient que Ndiol a été entendu au téléphone en train de recevoir un appel qui lui sommait de ne pas bouger et de rester là. À en croire Dias, Ins a été identifiés comme un membre de la sécurité du président Wade.

À l’époque, mon avocat d’antan avait demandé un examen balistique sans suite, car il n’y en a pas ici au Sénégal. Il n’y a jamais eu. Ce que contredit la juge qui affirme qu’il a été bel et bien réalisé par la police sénégalaise scientifique. Dans ledit rapport de la police, il a été édifié que les balles extraites des deux blessés étaient les mêmes que ceux qui ont tué Ndiaga Diouf un calibre 38. Alors que Barthelemy Diaz détenait un 9 mm et un Taurus. Le document a révélé aussi que la balle qui a atteint Ndiaga Diouf était tirée par une personne en position couchée ou gaucher. Toutefois, comme l’a relevé le maire de Dakar et ses avocats, dans la vidéo retenu comme pièce de conviction et pièce maîtresse dans l’affaire, on peut apercevoir une personne couchée identifiée sous le nom de Samba Diouf dit Ndiol tenir une arme ».

Les résultats de la balistique blanchissent Barthélémy Dias
De leurs coté, les avocats de Barth affirment que ceci est « une machination » contre leur client et réclament que leur client soit blanchi des accusations portées à son encontre et que justice soit faite. Suite à une dérogation judiciaire, le rapport balistique a révélé que les balles qui ont atteint les victimes ne proviennent pas de l’arme de Barthélemy Dias.

À en croire son avocat, il n’y a pas d’imputabilités qui rattachent Barthélemy à cette affaire. Il y a eu deux autres personnes qui ont été blessées et qui ne sont pas parties se faire soigner à l’hôpital et qui ont été touchées par une arme autre que celui de Barthélémy Diaz. Une situation qui a poussé les avocats de ce dernier a déclaré que les déroulements de l’enquête et des précédents procès de leur client n’était pas juste. Ils se sont acharnés seulement sur celui-ci alors que dans la bagarre il y a avait aussi d’autres personnes, mais que personne n’en parle et n’essaie de savoir vraiment l’origine de ces balles qui ont tué Ndiaga Diouf et blessé d’autre personnes parmi les nervis ce n’est pas l’arme de Diaz. D’où viennent ces balles ? Qui les a tirés ? Dans quel but ? Selon eux, il n’y a aucun élément probant qui démontre que l’arme détenue par leur client a tué le défunt Ndiaga Diouf. À cet effet, Me Abdoulaye Tall a indiqué à la Cour que les individus qui ont attaqué la mairie de Dakar étaient des nervis et des agresseurs.

« Barthélémy Dias détenait de vrais armes… »
À en croire l’avocat de la défense, l’actuel maire de Dakar à avouer avoir tiré et tué Ndiaga Diouf. Et qu’il a fait cette déclaration avant l’annonce du décès de Ndiaga Diouf. Ce qui selon lui prouve clairement que Barthélemy savait ce qu’il faisait. Toutes les personnes entendues, on déclarait que seul Barthélemy détenait une arme et se tenait au bord de la mairie, l’endroit où toutes les douilles ont été ramassées.

Il soutient que celui-ci détenait au moins deux armes qui tiraient du feu et qui n’étaient pas factices, les faits sont là. Les trois (3) personnes qui ont été blessées y compris Ndiaga Diouf ont reçu des balles de Barthélemy. La robe noire demande la confirmation du jugement qui a été rendu sur la peine et la somme de 150 millions en guise de dommages et intérêt.

La représente du procureur dans son réquisitoire a requis la peine de 5 ans de prison ferme contre Barthélemy Dias. Le maître des poursuites accuse l’actuel locataire de ville de Dakar de « coups et blessures mortelles, coups et blessures volontaires et détention d’arme illégale sans autorisation ». Le parquet rejette les faits de légitime défense, car dit-il, les assaillants blessés lors de ces échauffourées étaient en position de fuite, d’où le fait que le défunt Ndiaga Diouf a été atteint par balles en position postérieure. Délibéré le 18 mai prochain.

Pour rappel, les faits se sont sont déroulés le 22 décembre 2011, un peu vers midi, lorsqu’un groupe de jeunes nervis est signalé devant la mairie de Mermoz Sacré Cœur dirigée par Barthélémy Dias, l’un des opposants les plus acerbes au régime du Président Abdoulaye Wade. En position de légitime défense, comme il l’a affirmé plus tard au micro des journalistes sur place, Barthélémy Dias tire dans le tas. La suite, on la connaît. Ndiaga Diouf, un jeune lutteur de la banlieue, est touché. Il rendra l’âme au cours du repli de ses camarades.

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