Si les ménages sénégalais ont obtenu une baisse du prix de la baguette de pain standard, qui est passé de 175 à 150 F CFA, ils doivent désormais se contenter d’une miche de 190 grammes au lieu de 200. C’est la pirouette trouvée par le gouvernement pour ménager la chèvre et le choix, contenter les populations sans fâcher les boulangers.
Mais certains parmi ces derniers ne goûtent pas la mesure. «L’État a fait une grosse erreur en fixant de façon unilatérale le prix de la baguette de pain», tonne le président du Regroupement des boulangers du Sénégal (RBS), Modou Guèye, dans des propos tenus dans PresseAfrik et repris par L’Observateur.
Pour les associations consuméristes, interrogés par le journal du Groupe futurs médias, les boulangers n’ont aucune raison de se plaindre. Selon Me Massokhna Kane de SOS Consommateurs, ils n’ont jamais respecté le poids de la baguette qui se vendait à 175 F CFA. «On parle de 200 ou 210 g, mais l’on se rend compte que la miche ne fait pas le poids, pointe l’avocat. Le poids est juste indicatif, l’essentiel est que les gens puissent acheter la baguette, qui sera toujours la même, parce que c’était peut-être déjà à 190 g. Ce qui compte pour les populations, c’est le prix. Les consommateurs ne peuvent pas ou n’ont pas l’opportunité de vérifier le poids de la baguette.»
Momar Ndao, le président de l’Ascosen, va plus loin dans les calculs : «La baguette de 200 g était vendue à 175 F CFA. Cela veut dire que si l’on ramène le poids de la baguette à 190 g, elle devrait coûter 166 F CFA. De plus, les 4000 F CFA de baisse sur le prix du sac de farine entraînent une baisse supplémentaire de 16 F CFA. La combinaison de ces deux éléments fait que le pain peut être vendu à 150 F CFA, sans aucune perte pour le boulanger. Donc, ils ne peuvent pas évoquer des pertes.»
D’autant que, poursuit Momar Ndao, «le prix de la farine a été pendant un moment en-deçà du prix homologué, mais ils [les boulangers] n’avaient pas baissé le prix du pain».