Le professeur Sanou Cor ne sollicitera jamais les prières d’un marabout. Voulant une promotion dans l’enseignement, il est tombé sur Moussa Sow et son grand-père qui l’ont fait contracter des dettes avant de fondre dans la nature.

Alors qu’il croyait enfin trouver une solution à ses problèmes, Sanou Cor ne se doutait pas qu’il était tombé sur la mauvaise personne. Professeur de son état, Sanou qui voulait une position hiérarchique plus importante, a fortuitement rencontré Moussa Sow au rond-point Case Ba. Mais hélas, il n’a eu que déception en rencontrant cet éleveur car, ce dernier, non seulement il n’a pas résolu ses problèmes, mais il l’a hypnotisé et fait de lui son mouton de panurge.

Il lui réclamait des sommes d’argent et Sanou qui ne disposait plus de sa faculté mentale cédait à toutes ses demandes. Conséquence : Moussa Sow comparaissait, hier, au tribunal des flagrants délits de Dakar pour répondre des faits de charlatanisme, d’escroquerie et de menace de mort.

Selon la partie civile, elle et le prévenu ont partagé le même taxi clando qui les menait à Pikine. Étant des cousins à plaisanterie, ils se sont vite sympathisés. Mais dès que Sanou lui a fait savoir qu’il est professeur, Moussa Sow qui s’est présenté à lui sous le nom de Sidate Sow lui a donné son numéro avant de lui demander de l’appeler une fois qu’il sera rentré.

D’après le plaignant, c’est une semaine après qu’il l’a finalement téléphoné parce qu’il ne cessait de penser à lui. Ainsi, narre-t-il, le prévenu l’a présenté à son grand-père qui lui a fait une consultante mystique par téléphone et l’a promis de l’aider pour un avenir radieux. C’est à cet effet qu’il lui a demandé de l’envoyer 15 000 francs pour lui faire des offrandes de vautours.

Poursuivant sa narration, la partie civile indique que c’est quelque temps après que Moussa Sow l’a invité à le rejoindre dans un domicile au Scat Urbam. Arrivé sur les lieux du rendez-vous, raconte-t-il, le prévenu lui a fait un bain mystique avant de prendre les 174 000 francs qu’il avait par dévers lui. Selon Sanou Cor, c’est en ce moment qu’il s’est départi de sa raison. Moussa et son grand-père ont commencé à lui réclamer de fortes sommes d’argent.

«Premièrement, il m’a réclamé la somme de 1.800.000 francs. Il m’avait dit qu’il allait acheter des chameaux qu’il va sacrifier. Mon frère m’a prêté 2.000.000 de francs et je lui ai remis 1.900.000 francs», raconte le plaignant. Pour continuer à satisfaire les demandes récurrentes de Moussa Sow et son grand-père, Sanou révèle avoir consenti 2 prêts bancaires et emprunté de l’argent à son école.

Heureusement pour lui, c’est grâce à un taslimane que lui a donné son élève qui l’a trouvé dans un piteux état qui l’a aidé à se détacher des basques du prévenu. «Ce même jour, Moussa et son grand-père m’ont appelé et me mettaient la pression. Pis, ils me menaçaient, disant que si je ne cédais pas à leur demande, ils allaient sacrifier toute ma famille. Ils m’ont dit qu’ils vont détruire quiconque viendra chez eux leur réclamer de l’argent. C’est ainsi que j’ai porté plainte et le prévenu et sa famille ont promis de me payer le préjudice que j’ai subi, soit 6.773.000 francs. Ils m’ont donné un acompte de 3.000.000 de francs. Je lui ai demandé de me rembourser juste les 3.000.000 et de laisser tomber le reste. Il a ainsi pris l’engagement de me payer dans 4 mois. Mais grande fut ma surprise qu’au bout de ce délai, Moussa était non seulement injoignable mais introuvable».

Retrouvé par la section de recherches après des investigations, le prévenu Moussa Sow a reconnu à la barre avoir encaissé l’argent de la partie civile mais ignore le montant exact. Selon le prévenu, il a donné de la poudre mystique a Sanou qui voulait une promotion.

Estimant que Moussa ne mérite aucune faveur compte tenu de sa mauvaise foi manifeste, le conseil de la partie civile a réclamé l’intégralité du reliquat. Ce, outre le million qu’il demande en guise de réparation. À la suite du représentant du ministère public qui a requis l’application de la loi, la défense a plaidé la relaxe pour le délit de menace de mort et sollicité une application bienveillante de la loi concernant les autres chefs.

Le tribunal, après délibéré a relaxé Moussa Sow du délit de menace de mort avant de le déclarer coupable de charlatanisme et d’escroquerie. Pour la répression, il l’a condamné à une peine ferme de 3 mois et à payer la somme de 4.773.000 francs à la partie civile. La contrainte par corps est fixée au maximum.

Adja K. Thiam (Actusen.sn)

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