Une étude de BPCE L’Observatoire indique que les collectivités territoriales, premier financeur public du sport en France, sont confrontées à une nouvelle donne : un parc d’équipements vieillissants et une pratique sportive en pleine évolution.
Oui, le sport est un véritable poids lourd de l’économie. Selon une étude du département études du groupe bancaire BPCE en 2020, il pèserait au global 90,9 Mds€ (en additionnant le budget des associations sportives au chiffre d’affaires des entreprises du sport). Dans sa nouvelle étude intitulée « les collectivités locales, premiers financeurs du sport », BPCE L’Observatoire s’est cette fois-ci penché sur le financement public du sport, mettant en lumière le rôle déterminant des collectivités. Chaque année, leur contribution s’élève à 12,5 Mds€, soit près de deux fois le budget des Jeux Olympiques de Paris 2024. Ce qui représente 60 % de l’ensemble du soutien public évalué, lui, à 20 Mds€ – ce dernier intègre, par exemple, le budget du ministère des Sports (1Md€) et le salaire des professeurs de sport (5,5 Mds€).
Les communes propriétaires de 73 % des équipements sportifs français
Les communes portent en premier lieu l’effort sportif avec 8 Mds€ déboursés par an – le deuxième poste de dépense après l’enseignement – face aux 3,1 Mds€ alloués par l’intercommunalité, le 1,4 Md€ restant provenant des départements et des régions. À l’actif des communes : le soutien aux associations sportives (360 000 en France) et des clubs professionnels, la gestion et l’organisation de manifestations sportives, les relations avec le monde scolaire ou la gestion des équipements. Elles sont d’ailleurs propriétaires de 73 % des 318 000 équipements sportifs recensés en France.
« On a observé qu’un effort de construction et de rénovation a été mené depuis 25 ans, souligne Alain Tourdjman, directeur des études du groupe BPCE. Plus de 50 % des équipements actuels ont été mis en service ou rénovés depuis 1995. Mais il reste encore beaucoup à faire. Un tiers d’entre eux a été construit avant 1985 et n’a pas été réhabilité, soit environ 1 800 piscines, 12 000 gymnases et 5 000 salles polyvalentes ». En 2009, la Cour des comptes avait estimé à 21 Mds€ le montant nécessaire pour rénover le patrimoine sportif français – 6 Mds pour la mise aux normes et 15 Mds pour adapter les équipements aux nouvelles attentes des pratiquants. Un chiffre qui a certainement grossi, treize ans plus tard.
« Les attentes des pratiquants changent, leur priorité va désormais vers le sport bien-être plutôt que le sport performance. Ils veulent de la flexibilité et sont de plus en plus attirés par une pratique connectée à domicile »
Cyril Cloup, directeur de l’Association nationale des élus en charge du sport (ANDES)
Pour Cyril Cloup, directeur de l’Association nationale des élus en charge du sport (ANDES), les collectivités territoriales, qui détiennent donc une majorité des aménagements, « tiennent les clés de l’avenir du sport en France ». « On a devant nous des enjeux incontournables comme par exemple le climat ; il faut d’ores et déjà anticiper et accélérer la transition énergétique des lieux de sport. » Alain Tourdjman rappelle justement que sur le quart d’équipements chauffés en France, plus de la moitié est chauffée au gaz.
Et les (autres) défis sont nombreux. « Les élus attestent d’une mutation de la pratique sportive, pointe Alain Tourdjman. Les attentes des pratiquants changent, leur priorité va désormais vers le sport bien-être plutôt que le sport performance. Ils veulent de la flexibilité et sont de plus en plus attirés par une pratique connectée à domicile. » Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport & Cycle, confirme cette mutation généralisée de la consommation du sport. « Les Français allaient vers les équipements municipaux ou les associations, certains privilégient désormais des entraînements en plein air ou dans des salles privées. Il faut réadapter l’offre sportive aux usages actuels. »
250M€ pour renforcer la place du sport dans les territoires
En septembre dernier, le président de la République Emmanuel Macron a promis un plan de création de 5 000 équipementiers sportifs en France en vue de la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris en 2024. Près de 250 M€ seront dépensés dans les deux prochaines années pour renforcer la place du sport dans les territoires. Et plutôt que de financer des grands stades ou des piscines, ce plan veut donner la priorité à la création de terrains multisports, de dojos, de terrains de basket 3×3, de terrains de padel ou de skateparks.
Une étude sur les attentes et les besoins des acteurs du sport en France, commanditée par l’Agence nationale du Sport (ANS), l’ANDES, le CNOSF, le comité paralympique et sportif français et l’Union Sport et Cycle, sera dévoilée début mai prochain. La révolution sportive semble être en marche.