Treize mouvements, associations et partis politiques ont signé avec le parti PASTEF, à la date du 13 août 2021, un protocole d’accord de fusion. Et donc, en un après-midi, voilà le PASTEF qui se transforme en une auberge espagnole : on y trouve en effet un peu de tout, à présent…
La cérémonie s’est déroulée dans une ambiance bon enfant avec de la kora en musique de fond. Un son qui correspond avec le petit mot rajouté au nom du parti PASTEF qui signifie désormais le Parti africain du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité. De l’africanité dans l’air, confirmée par le style vestimentaire du leader du PASTEF. Drapé dans un ensemble noir qui rappelle le Faso Dan Fani, sur une chemise blanche, Ousmane Sonko a chaussé du sénégalais. Sur sa tête, un chapeau qui rappelle le Nigéria lui sert de coiffe.
Le bal est ouvert par l’administrateur général du PASTEF, Birame Souley Diop qui, dans un discours empreint d’émotion, a fait l’historique du parti tout en insistant sur « les sacrifices consentis » jusqu’ici. Place ensuite au défilé des signataires. Une liste hétérogène où l’on retrouve des personnalités comme Madièye Mbodj surnommé « le dernier des Mohicans » par une certaine presse en référence à son ancienne appartenance à And Jëf/PADS. Le docteur Diallo Diop du Rassemblement national démocratique de Cheikh Anta Diop figure aussi parmi les signataires de ce protocole. Autre notable, Ansoumana Sarr, maire de la commune de Dionevar entre autres.
Une nouvelle collaboration qui, d’après les signataires, est basée sur « une pratique commune prolongée sur le terrain politique, électoral, social et citoyen », une « large identité de vues sur l’impératif ». Des bases qui cachent mal l’intérêt d’une telle fusion. A y voir de près, sur cette liste, une seule personne a eu à occuper un poste électif.
Ce qui laisse entrevoir que la majeure partie des organisations sans réel électorat a beaucoup plus à gagner en s’alliant avec une coalition qui est arrivée troisième à la présidentielle de 2019 avec 15 % des suffrages.
L’histoire est décidément têtue. Un analyste souhaitant garder l’anonymat rappelle que « le même scénario s’était produit en 1992 lorsqu’une coalition autour d’And Jëf/MRDN, s’est formée autour de Landing Savané, pour donner And-Jëf/PADS. Beaucoup de petits partis l’avaient rejoint parce qu’il était arrivé troisième aux élections précédentes, alors que Wade, le challenger, avait rejoint le gouvernement Diouf. Landing Savané était devenu de fait le patron de l’opposition, comme Sonko aujourd’hui, avec l’entrisme d’Idrissa Seck ».
Et notre interlocuteur de rajouter : « Ainsi, ces organisations ont choisi de miser sur Ousmane Sonko et le PASTEF, quitte à disparaitre en acceptant le maintien du sigle du parti d’Ousmane Sonko parce que justement ne pouvant à elles seules peser sur la balance électorale. Et toutes ces figures plus médiatiques que réellement importantes au plan électoral comptent obtenir enfin un mandat électif aux locales comme aux législatives. Condition sine qua non de porter la candidature d’Ousmane Sonko à la présidentielle de 2024 ».
Une collaboration gagnant-gagnant, quoi qu’on dise, pour éviter de parler de jeu de dupes. Ousmane Sonko, en particulier, aurait fort à tirer de cette fusion : « Le leader du PASTEF redore son blason dans son parti en ramenant du monde. Parce que sa légitimité en interne à PASTEF, quoi qu’il en dise, n’a pas manqué de souffrir de l’affaire Adji Sarr, encore pendante devant la justice ».